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La Boite Alerte
Frédéric Aribit
Madame Bovary de Vincente Minnelli
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Alors quoi ? Madame Bovary, ce monstre sacré et sulfureux de la littérature française, cette “révolution dans les lettres” dont parlait Maupassant, et qui défraya la chronique judiciaire un siècle plus tôt ?... Projet insensé, en plein puritanisme américain, qui imposait depuis 1930 à son cinéma la surveillance sévère du fameux “code Hays”.
Mais qu'importe. Féru de psychanalyse, Minnelli voit en Emma Bovary l'archétype même de ces personnages tentant coûte que coûte de transformer leur vie réelle en rêve vécu, jusqu'au risque de la névrose ou de la folie. “Pour moi, Emma est un personnage extrêmement complexe : elle vivait constamment dans un monde imaginaire, elle voulait que tout soit beau, et cependant autour d'elle, c'est le bourbier. Elle refusait cette situation et vivait au-delà d'elle-même, au-delà de ses moyens” (cité d'après Marion Vidal, Vincente Minnelli, Seghers). D'où son parti pris cinématographique : “Après avoir lu, entre autres, les essais d'Henry James, Somerset Maugham et Sigmund Freud, j'élaborai une Emma Bovary dans la lignée romantique de Hugo ou de Chateaubriand, ma conception du personnage était celle d'une adolescente rêveuse.” Et c'est peu dire qu'avec Jennifer Jones, qui incarne cette Emma profondément hugolienne empêtrée dans un monde à la Balzac, Minnelli a trouvé une actrice à la (dé)mesure du rôle.
Faut-il s'étonner d'ailleurs que son talent de réalisateur éclate tout particulièrement lors des scènes de groupe, celle du mariage d'Emma, par exemple, navrant de vulgarité, ou plus encore, celle de l'étourdissante scène de bal où elle rencontre Rodolphe ? Le ballet qu'il orchestre alors exploite avec maestria la cruauté de la situation, entre un couple d'une part, emporté dans le tourbillon d'une danse qui chauffe les corps et les esprits, et un piteux mari d'autre part, noyé dans un alcool mauvais et déjà, peut-être, dans le sinistre pressentiment qu'il n'est pas à la mesure des rêves d'une telle femme.
Certes il est peut-être dommage d'avoir édulcoré le personnage de Charles. Dommage, c'est sûr, d'avoir soumis le texte de Flaubert à quelques entorses (la scène de l'opération de la jambe, entièrement réécrite). Dommage aussi de ne pas toujours avoir exploité jusqu'au bout les noirceurs du roman (les Comices agricoles), ou même d'en avoir entièrement effacé certains pans importants, où Flaubert déployait toute l'ironie de son style (l'aveugle, ou l'incroyable scène d'amour dans le fiacre, purement et simplement “oubliés” par Minnelli). Mais plutôt que de se livrer à ce petit jeu des 7 erreurs, il est sans doute plus intéressant de regarder l'œuvre comme une double confrontation captivante : celle d'une histoire “monstrueuse” à tous égards, avec un cinéaste moins léger qu'on aurait cru d'une part, ainsi que d'autre part, avec les rigueurs d'un cinéma gravement entravé par la censure. Peut-être comprendrait-on alors comment, tout comme Flaubert, Minnelli à sa manière s'est-il lui aussi échiné à montrer l'immontrable de son époque. Et ce jeu de miroirs entre l'artiste, l'œuvre et les circonstances de sa création (le miroir justement, motif omniprésent du narcissisme romantique d'Emma), Minnelli pouvait-il le suggérer autrement qu'en choisissant, comme il le fait, de mettre en scène Flaubert lui-même, narrateur de son propre roman lors du procès qui lui fut intenté pour “offense à la morale publique et à la morale religieuse” ? Autant faire en sorte, comme disait Flaubert, qu'on entende à la fois, d'un siècle à l'autre, “des beuglements de taureaux, des soupirs d'amour et des phrases d'administrateurs”…
Lorsque Vincente Minnelli, avec le scénariste Robert Adrey, projette en 1949 d'adapter Madame Bovary à l'écran, tout joue contre lui. Jean Renoir (en 1933) s'y est déjà cassé les dents. Quant à lui, réalisateur quasi-attitré de la MGM depuis 1942, s'il est parvenu à se faire un nom, c'est plutôt dans le genre de la comédie musicale, où son sens du décor et des couleurs, son goût pour le chant et la danse ainsi que pour les univers oniriques font merveille. Fred Astaire, Gene Kelly, Cyd Charisse, et bien sûr Judy Garland (qu'il épouse en 1945)… il y côtoie parmi les plus belles légendes du genre musical.
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