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La Boite Alerte
Frédéric Aribit
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Ceux qui restent
de Anne Le Ny
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http://www.dvdrama.com/news.php?21220]
Ceux qui restent, ce sont Bertrand (Vincent Lindon) et Lorraine (Emmanuelle Devos), qui se rencontrent dans le service d'oncologie d'un hôpital où leurs conjoints respectifs se font soigner. C'est là, dans cet endroit insolite et dans ces circonstances tragiques que, jour après jour, de quelques mots simplement échangés à un café qu'on partage, de petits tuyaux sur l'univers médical aux rendez-vous pour rentrer ensemble après la visite quotidienne, les liens vont se tisser, et qu'ils vont tenter de s'aider mutuellement à continuer de vivre, rire, aimer peut-être. Car au-dehors, la vie, elle, n'attend pas, et il faut bien faire face, aller au travail, donner le change devant une belle-fille un peu paumée qui a du mal à affronter la lente agonie de sa mère, ou devant une famille déjà bardée de ses propres problèmes... Mais peut-on quitter quelqu'un qui est en pleine chimio ? A-t-on le droit d'aimer encore, d'aimer ailleurs ?...
On connaît bien Anne Le Ny, moins son nom peut-être que son visage. Elle compte au générique de nombreuses belles réussites du cinéma français de ces dix dernières années, auprès de réalisateurs exigeants : Pierre Jolivet (En plein cœur, Ma petite entreprise, Le Frère du guerrier…), Agnès Jaoui (Le Goût des autres), Pascal Thomas (Mercredi, folle journée !, Mon petit doigt m'a dit), Zabou Breitman (Se souvenir des belles choses), Claude Miller (La petit Lili)… Avec Ceux qui restent, où elle joue aussi l'un des seconds rôles, elle signe pour la première fois le scénario et la réalisation d'un film, offrant une œuvre tendre, pudique et extrêmement sensible, qui ne verse à aucun moment dans le pathos que le sujet pouvait laisser craindre. Être dans l'écho de la crise plutôt qu'au cœur de la crise : “En général, je suis plus touchée par les gens qui luttent pour contenir leur émotion que par ceux qui s'y abandonnent totalement”, dit-elle. Moins attachée à montrer les docteurs ni même les malades (qu'on ne voit pas du tout), c'est plutôt l'onde de choc de la maladie qui intéresse Anne Le Ny, et la façon dont elle affecte douloureusement les proches. Par petites touches impressionnistes, un face-à-face houleux, une étreinte qui se prolonge, le film suggère les lignes de faille des personnages, pris dans l'entre-deux douloureux de l'épreuve qui les réunit. Et c'est paradoxalement une certaine forme de légèreté et d'humour qui donne au film toute sa densité émotionnelle, dans des scènes où Lorraine par exemple, avec ses boots violettes et ses cartes de visite formidablement kitsch, libère son excentricité devant un Bertrand déstabilisé, qui semble s'être même interdit de rire. Moments délicats, qui révèlent la subtilité des dialogues, souvent pétillants, toujours justes, et justement servis par l'interprétation (Emmanuelle Devos et Vincent Lindon, qui donnent au film la dimension profondément attachante de l'extrême fragilité humaine).
Anne Le Ny choisit non pas d'accompagner ceux qui partent, mais d'accompagner au contraire ceux qui restent, et qui se tiennent la main le temps de traverser ensemble la douloureuse épreuve de la maladie, comme on traverse une dernière fois un couloir d'hôpital. Avec le courage immense que réclame chaque jour la tragédie ordinaire de la mort : à hauteur d'homme, exactement.
(Voir aussi sur excessif.com)
Il y a ceux qui partent, lentement emportés par la maladie. Et il y a ceux qui restent, et qui arpentent les couloirs de l'hôpital, se demandant comment vivre malgré tout quand on fait les cent pas dans l'antichambre de la mort, avec l'indicible douleur, l'angoisse permanente, et la culpabilité d'être en pleine forme. Pour sa première réalisation, Anne Le Ny signe un film profondément attachant, et d'une grande sensibilité.
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