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La Boite Alerte
Frédéric Aribit
Poison d’avril de William Karel
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Le vrai comme moment du faux, c'est Opération Lune. Ici, William Karel inverse en quelque sorte la maxime de Debord. Poison d'avril, ou le faux comme moment du vrai. Même de façon paradoxale, c'est encore, achevé, le triomphe de cette société du spectacle (spectacle dont, au sens strict, Debord parlait assez peu, contrairement à ce qu'on entend souvent…). Et donc, au final, le triomphe d'un faux généralisé qui a phagocyté la réalité.
Mars 2002. En pleine campagne électorale, Simon Barrachet, journaliste aux dents longues, prend les rênes du JT et s'emploie à imposer une nouvelle vision de l'information. La rédaction traverse alors une période de profondes transformations, tandis que les thèmes de la campagne envahissent les écrans : une élection jouée d'avance, et surtout, une explosion de l'insécurité, au moment où la délinquance en France connaît précisément son taux le plus bas et reste l'un des plus faibles du monde. Matraquage médiatique aidant, on sait désormais ce qu'il advint d'une élection pour laquelle, les sondages sont alors formels, Jospin part gagnant.
“C'est la première fois que le journal télévisé a fait basculer le cours d'une élection”, constate William Karel. Une fiction, ce film ? Bien sûr. Interprétée par une belle brochette de comédiens, et notamment Olivier Gourmet, Bruno Todeschini et Anne Brochet. Va donc pour une fiction. Même si évidemment “toute ressemblance etc.”, comme on dit. Karel insère dans son film des images d'archives, notamment des JT d'époque, qui, avec le recul, claquent comme autant de rappels cinglants (Chirac et “le bruit et l'odeur”, Jospin et l'attentat au ketchup, la tuerie de Nanterre, Papy Voise…) de la manière dont les JT ont alors monté en épingle tel ou tel (non-)événement savamment choisi. Constat accablant : la “peoplisation” de l'info, avec sa prédilection pour un sensationnalisme de Clochemerle, a gangrené le traitement politique, au mépris des conséquences les plus graves. Le credo de cette “néo-TV” (Umberto Eco, La Guerre du faux) : “Il vaut mieux un sujet mal ficelé le jour même qu'un sujet bien fait deux jours après”. Et un journaliste de reconnaître : “C'est Pernault qui a raison” (voir en parallèle, pour se donner froid dans le dos, quelques échanges entre Philippe Lefait et Rachid Arhab en conférence de rédaction, dans le documentaire Le Journal commence à 20h, en bonus).
Moins intéressant lorsqu'il verse dans le drame personnel, le film de Karel a le mérite de dresser un réquisitoire sans appel contre une dérive des médias dont nous ne sommes assurément pas sortis. Plus à l'aise dans le délibératif et la polémique que dans le narratif, qui l'intéresse visiblement moins, il finit cependant par susciter un léger agacement lorsqu'il force le trait (versant Michael Moore de William Karel), notamment en présentant des bidonnages journalistiques intégraux (des témoignages “achetés” sur le terrain, des manipulations énormes au montage, qui font dire l'inverse à tel ou tel témoignage…) qui simplifient à l'extrême les méthodes d'orientation idéologique dont la presse est peut-être elle-même la première dupe.
Réalisé en 1989, le documentaire Le journal commence à 20h qu'on trouve en bonus principal est un travail commandé par Arte sur la fabrication du journal télévisé de France 2. Le spectateur est plongé au cœur des réunions de rédaction, assiste aux débats parfois houleux entre journalistes, comprend vite les hiérarchies et les diverses susceptibilités personnelles ou rédactionnelles (le projet, d'ailleurs, initialement accepté par France 2, est bientôt contraint de “migrer” vers TF1 avant de revenir, non sans difficultés, sur France 2…).
Dans l'entretien qui suit, extrait d'une interview plus conséquente qu'on a malheureusement choisi de morceler (autre partie en bonus du DVD Opération Lune), William Karel place son travail dans la continuité d'un certain cinéma politique quasi-disparu (Boisset, Cosat-Gavras…). Il récuse ainsi l'idée d'avoir forcé le trait dans son film. Pour lui, le postulat journalistique moderne selon lequel “sans image, il n'y a pas de sujet” est une aberration particulièrement grave (reste-t-il davantage que quelques photos seulement de l'extermination des juifs ? s'interroge Karel). “J'espère bien faire un deuxième film”, finit-il par avouer en évoquant Poison d'avril, auquel les présidentielles de 2002 servent de toile de fond. D'une élection l'autre. Parions que depuis mai dernier, Karel n'a pas lâché sa table de montage…
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