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La Boite Alerte
Frédéric Aribit
Sueurs gitanes
Les Vertiges de Tony Gatlif
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Les sueurs gitanes ont l'incroyable saveur des sels du Sud. Ceux de Séville, c'est sûr. Mais, tout au bout de leurs routes, là-bas, juste avant de plonger en plein cœur du soleil, tous les pays, toutes les villes, s'inventent un Sud. A Lyon, c'est Tony Gatlif qui a, le 8 juin dernier, indiqué le lieu et le moment exacts de ce Sud cardinal, lors de la dernière édition des Nuits de Fourvière, en présentant le spectacle musical “Vertiges” qui sort aujourd'hui en DVD.
“Vertiges” ? Théophile Gautier ramène le mot dans les carnets de son Voyage en Espagne (1845), et le souffle à Tony Gatlif, que le cinéma, le “mundillo” cinématographique a de son propre aveu fini par exaspérer. Après Latcho drom, Exils ou Transylvania (scène finale hallucinante d'un de ces “vertiges”), films tous hantés par le départ et son espèce de déchirement heureux, il est temps pour lui d'aller voir ailleurs. Pas de meilleur véhicule que la musique pour ces sortes de voyages-là. Elle l'a toujours accompagné quand il fallait aller au loin, toujours plus loin. Elle lui a même parfois offert le “duende”, cet indiscible qui prend soudain corps en soi, aux confins du mystique. Il part donc à la recherche de ceux qui pourront sublimer l'incroyable jeunesse de la musique tzigane. En Espagne, il rencontre un jeune homme qui joue du flamenco avec une derbouka, retrouve les enfants de Latcho drom aujourd'hui adultes et musiciens hors pair, s'émerveille devant le jeune danseur José Mayo (“extraordinaire”), redécouvre la voix magnifique de La Caïta, de son film Vengo. À Moscou, c'est la chanteuse tzigane russe Leonsia Erdenko. En Hongrie, c'est Erika. En Syrie, Samar Charifi, chanteuse arabe qu'il n'hésite pas à comparer à une “Oum Kalsoum moderne” et son mari Issam, joueur de oud… Sans savoir où ils mènent, les vertiges savent parfois d'où ils viennent.
Tony Gatlif emprunte à l'arène sa scénographie. Sol de sable ocre, rouges éclatants sur drapés noirs, noirs intenses sur drapés sang, musiciens en arc de cercle à l'arrière. Début de la faena avec un époustouflant José Mayo. On devine, en maître de cérémonie, ou plutôt en “mozo de espadas”, ce “valet d'épées” qui assiste le matador lors de la corrida, Tony Gatlif lui-même, attablé sur un côté de la scène (qui est ronde), avec sa tronche de demi-matin de feria (ronde aussi), à l'affût d'une mauvaise corne sans doute, et prêt à tendre un verre ou une serviette.
Quelques séquences, notamment au début du film, lui donnent la parole, en coulisses par exemple. Mais la vedette, ici, ça n'est pas lui. Il n'y en a pas. Les prestations s'enchaînent, étourdissant défilé de danseuses toutes plus brunes les unes que les autres, et probablement “tannées par le diable” comme dit Gautier, qui répondent avec une sensualité enragée aux vigoureux martèlements des talons des hommes (étonnant style que celui de la superbe Prado Jimenez, visiblement plus moderne et moins académique, dont témoigne d'ailleurs la liberté de son costume de scène). Et le cri rauque du chant flamenco qui déchire les airs et les tripes. Et les défis permanents que se lancent d'un seul geste, un seul regard, les couples, où chacun donne et reprend aussitôt. Et la “sema” de Karine Gonzalez, derviche à faire tourner les têtes. Et ces dialogues du corps et du rythme, du talon et du “cajón”, tout en nerfs.
A ceux qui ont eu, ou n'ont pas eu la chance d'assister au spectacle à Lyon, le 8 juin dernier, ou à l'une de ses rares reprises, le réalisateur Denis Caïozzi offre le bonheur d'une caméra qui sait s'oublier pour laisser voir. Et rejoint ainsi les rares réalisateurs (Jasmine Dellal et son récent Gypsy Caravan) qui auront su transmettre, de la musique tzigane, la fièvre la plus contagieuse.
(Voir aussi sur excessif.com)
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