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LIT TER ATU RE
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CO NT A CT
La Boite Alerte Frédéric Aribit
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B L O G
G.A.L. de Miguel Courtois
Explosion d'une voiture piégée, quelque part vers Hendaye, en Pays basque français. En retrait, deux hommes ont discrètement suivi toute la scène, depuis leur propre voiture. Satisfaits, ils remettent le contact et reprennent la route, en direction de la frontière. Ce sont des policiers espagnols. Ils viennent de commettre l'un des premiers attentats meurtriers du Groupe Antiterroriste de Libération, le GAL, qui sévira au Pays basque (français et espagnol) dans les années 80-90. Ainsi démarre le nouveau film coup-de-poing de Miguel Courtois, sur un sujet politique, hautement polémique et étonnamment méconnu en France. De Madrid à Paris, avec escales à Donosti puis Bayonne, on entend déjà des dents qui grincent.
A la mort de Franco, en 1975, l'avènement de la démocratie en Espagne jette le trouble parmi les militants nationalistes basques, dont les plus radicaux avaient, au tout début des années 60, fondé l'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays basque et liberté), mouvement révolutionnaire séparatiste clandestin en lutte ouverte contre le régime franquiste, qui jouissait au départ d'une popularité notable auprès des populations. Les partisans d'une solution politique refusent de suivre ceux qui pensent que seule une alternative armée peut résoudre la question basque. Et alors que des pourparlers sérieux sont engagés avec Madrid, et que le statut d'autonomie est accordé (1978), les attentats redoublent de violence, et déchirent le Pays basque. C'est dans un tel contexte qu'est créé, côté espagnol, le GAL, dont l'objectif avoué est de “terroriser les terroristes”, soit de traquer les membres de l'ETA et de les éliminer en douce, purement et simplement. Outre le détournement de fonds publics, les enlèvements, les séquestrations et les tortures, pas de moins de vingt-sept assassinats seront ainsi commis, sur le sol espagnol ou français. Un véritable scandale d'Etat, aggravé de nombreuses bavures: en juillet 1998, après les aveux attendus d'anciens policiers espagnols écroués et l'enquête acharnée et minutieuse de journalistes qui travaillent à ce que l'affaire ne soit pas étouffée, José Barrionuevo et Rafael Vera, respectivement ministre de l'Intérieur et secrétaire d'État à la Sécurité à l'époque des faits, sont reconnus coupables et condamnés, en compagnie d'autres hauts fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, à de lourdes peines de prison. Felipe González lui-même, Premier Ministre en exercice désigné par certains inculpés comme l'instigateur de la “sale guerre” contre le terrorisme, est blanchi par le Tribunal suprême, faute de preuves. Et parmi ces journalistes, un homme, Melchor Miralles, producteur du film de Michel Courtois, qui signe alors au Diario 16 avant de participer à la fondation d'El Mundo. Scénarisée par Antonio Onetti, c'est un peu son histoire dramatisée que filme Miguel Courtois, auquel on devait déjà, il y a peu, le saisissant El Lobo (avec Eduardo Noriega, Patrick Bruel, Mélanie Doutey…) qui racontait l'infiltration et le démantèlement d'un commando d'ETA par un policier (2 Goya à Madrid, Prix de la mise en scène aux festivals de Miami et de Los Angeles, Grand Prix du Festival Fantasia au Canada). “J'étais très au courant de l'histoire du GAL, en tant que Basque bien sûr, mais aussi en tant que citoyen franco-espagnol, puisque cette affaire touche aussi la France”, observe le réalisateur. Son savoir-faire de cinéaste ne fait aucun doute. Le film, véritable thriller politique à la structure narrative habilement fragmentée, suit ainsi les pas de deux journalistes, Manuel Mallo et Marta Castillo, dans une enquête difficile, ponctuée de révélations stupéfiantes, de pressions gouvernementales ou policières, de menaces directes et d'assassinats en règle. Aux côtés d'acteurs incontournables du cinéma espagnol (Natalia Verbeke, ou la sublime Ana Alvarez pour les rôles féminins, et un étonnant Jordi Molla en barbouze espagnole de premier choix), José Garcia, inattendu, offre une composition très convaincante de journaliste à la morale inébranlable, homme trop engagé dans son travail et dont les failles personnelles affleurent. “Nous nous étions rencontrés pour El Lobo, dans lequel il devait jouer, et nous étions restés sur cette envie commune de faire un film en espagnol. Quand j'ai lu le scénario de GAL, j'ai très naturellement pensé à lui”, confie Miguel Courtois. Certes, le cynisme des membres du GAL, assassins au sang froid dilapidant leurs valises d'argent sale entre casino et prostituées, peut sembler trop appuyé, et Miguel Courtois assurément moins à l'aise pour évoquer l'attirance des deux protagonistes. Certains de ses choix techniques, en outre, (le tremblé façon “documentaire” des champ/contre-champ) paraissent inutiles pour créer l'atmosphère thriller. Reste pourtant que son film, qui offre enfin au cinéma de superbes lumières du Pays basque, ose lever un coin de voile sur un sujet d'histoire politique récente complètement occulté en France, en lui donnant qui plus est l'impact d'une fiction brillamment orchestrée. On peut alors regretter qu'il se concentre davantage sur le versant espagnol de la question, sinon plus connu, en tout cas moins mal connu, et se contente de n'envisager qu'allusivement les compromissions politiques et policières en France, où de nombreuses énigmes perdurent encore aujourd'hui, où le silence est quasi-total (exception faite de l'édifiant documentaire Terreur d'état au Pays basque, tourné par Sylvie Garat et Arthur Mac Caig, et coproduit par Arte). Un vrai film efficace et nécessaire.
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LI E N S
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