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LIT TER ATU RE
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CO NT A CT
La Boite Alerte Frédéric Aribit
G.A.L. de Miguel Courtois
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B L O G
José Garcia José Garcia n'a pas son pareil pour vous mettre immédiatement à l'aise, et transformer l'exercice routinier de la promo en une conversation des plus agréables. Le nouveau film de Miguel Courtois, dans lequel il interprète le rôle du journaliste espagnol par qui le scandale du GAL est révélé, est pour lui l'occasion de replonger dans ses racines espagnoles et dans sa propre histoire, tout en enrichissant sa carrière d'acteur dramatique de nouvelles expériences de cinéma.
Miguel Courtois A l'occasion de la sortie de son film GAL, le réalisateur Miguel Courtois répond sans ambages aux interrogations brûlantes que son film suscite, de la question basque à sa dramatisation cinématographique. Sans se cacher derrière la langue de bois, il continue, film après film, de questionner les démocraties modernes, leurs moyens de défense et leurs limites.
Vous êtes d'origine espagnole. Quelle était votre perception du problème basque avant de tourner ce film ? Je suis de Galice, et j'ai toujours eu un rapport très fort avec le Pays basque. J'y ai appris à nager, j'ai vécu là-bas, je l'ai traversé de long en large plusieurs fois, et à chaque fois, je voyais pas mal de haine, côté espagnol, à l'égard des français. On avait peur de se faire abîmer les voitures dès qu'on était immatriculé de l'autre côté, ce n'était pas très bon d'être français là-bas… On a donc toujours traversé le Pays basque en sentant cette espèce de tension palpable. Et en même temps, j'y suis allé aussi plein de fois pour faire la fête, pour rire, et là, la tension n'est plus là, bien sûr. C'est vrai que là peut-être plus qu'ailleurs, les gens sont impliqués dans une sorte de guerre dont certaines personnes sont otages d'un côté, avec d'un autre côté des gens qui veulent se battre pour leurs valeurs. Tout cela vient d'humiliations très anciennes, et qui ne se sont pas arrangées parce que des deux côtés, il y a maintenant des plaies qui sont très difficiles à panser. La sortie de franquisme a été une époque très marquée, idéologiquement, et je suppose que de par votre famille, vos racines, vous avez une vision assez personnelle… C'est vrai, mais en même temps, ça a été un moment de liberté extraordinaire. Moi, ce que j'ai vu de l'Espagne, à ce moment-là, c'était un souffle de vie fabuleux, les gens ont commencé à respirer et à vivre, c'était dément. Et tout le monde croyait que ça allait s'arranger, et puis, non, les choses au contraire se sont durcies. C'est une histoire tellement complexe, je n'en connais qu'une toute petite partie. Et est-ce que ce film a fait changer votre regard sur la question ? C'est une histoire trop dense pour en faire le tour comme cela. Vous savez, je suis quelqu'un qui adore prendre des informations, mais qui a du mal à se faire une idée de la chose sans avoir pu parler avec tout le monde. Là, pour le film, j'étais du côté espagnol, avec des basques que je connais et qui me disent des petites choses, mais ce qui est intéressant, c'est d'avoir aussi le discours des autres, de trouver des gens assez intelligents pour être capables de faire le point et le contrepoint. Ce qui me semble intéressant, c'est de comprendre la psychologie des militants, parce qu'il y a un côté Che Guevara, qu'on retrouve aussi dans El Lobo. Il y a quelque chose de romantique là-dedans, en parallèle à ce vivier très idéologique, avec des gens qui se battent pour des raisons politiques transmises de père en fils. Ce romantisme fait aussi qu'on part parfois au flambeau par héroïsme, et beaucoup de jeunes, facilement manipulables, vont là-dedans. C'est donc très difficile, sans parler des problèmes internes à l'ETA, entre ceux qui étaient soucieux de se battre pour de vraies raisons et les petits groupements de jeunes gamins, qui partaient comme des chiens fous. Un de ces quatre, on aura peut-être un film sur ces dérives, d'ailleurs. Ca, ça m'intéresse beaucoup, aussi. C'est comme avec Action Directe, on se rend compte que l'idéologie de départ se confronte à des problèmes en cours de route. J'ai toujours l'image du type qui arrive au pouvoir, qui lève le chaudron et… qui le referme aussitôt. Quelle est la part de risque, en tant que comédien, à tourner un film politique comme celui-ci ? Je trouve que c'est un film important, dans le sens où c'est une histoire intéressante qui peut se répéter. La question qui se pose, c'est : qu'est-ce qu'on peut faire, quand on est une démocratie, contre le terrorisme ? Le jour où on répondra à cela, on sera très fort. A partir du moment où l'on utilise des sections parallèles, des caisses noires, qui peut contrôler ça ? Les dérives sont énormes, on l'a vu encore aux Etats-Unis, dans les guerres intestines entre FBI et CIA. Quand on voit les films d'Olivier Marchal, on comprend que dans l'antigang, il y a aussi des guerres fratricides, et que les choses dérapent parfois. Là-dedans, moi, en tant que comédien, ce qui m'intéresse, ce sont les rôles, la difficulté des personnages. Je recherche des choses fortes, et c'est pour cela que je vais en Espagne, où il n'y a pas de petites histoires, mais toujours des personnages extrêmes, qui vivent des drames très forts. Je trouve qu'en France, on s'est trop assagis, le cinéma d'auteur en reste souvent à une dimension existentialiste un peu légère, on ne s'accroche pas souvent aux histoires de manière forte, ou alors en oubliant qu'il y a à côté des films à 200 millions de dollars. Donc il faut faire la part des choses, et ne jamais oublier le spectateur. Ce n'est pas parce qu'on traite un sujet grave qu'on est obligé de tourner avec des effets trop naturalistes, où l'on travaille plus sur le texte. Moi, ce que j'aime bien, c'est l'action, qui est plus intéressante au cinéma. Quand on veut vraiment écouter du texte, il y a le théâtre. Au cinéma, on a la puissance, le son, des ambiances plus palpables… Et le travail avec Miguel Courtois, justement? On s'était vus pour El Lobo, que je n'avais pas pu faire pour des raisons de dates. Il a une manière de travailler qui est très originale. Il utilise beaucoup les longues focales, il filme depuis l'autre côté de la rue, ce qui fait que vous avez toujours l'impression d'être seul. Je ne sais pas comment on pourrait faire ça à Paris, je serais emmerdé tout le temps, d'ailleurs c'est arrivé une fois, en pleine prise, on devait prendre des photos, un mec est venu à côté de moi et il a commencé à me dire " hé, c'est quoi? c'est un Nikon ?... " Miguel est donc très loin, ça peut perturber, mais moi j'aime bien… Vous jouez en espagnol, qu'est-ce que cela change? Oui, c'est la troisième fois, après Utopia et Le Septième jour, de Carlos Saura, mais ce rôle est plus long. Ca change beaucoup de choses quand c'est une langue qui est censée être la vôtre, parce qu'en fait, elle ne vous appartient pas du tout, et comme vous ne l'utilisez pas souvent, elle vous échappe. Parler c'est déjà une chose, mais jouer, c'en est une autre. C'est comme des sables mouvants, vous avez des appuis qui vous échappent tout le temps. Pour moi, trois choses ont été intéressantes : la première, c'est qu'avec mes trois petits films, personne ne me connaît en Espagne, donc on vous regarde au départ comme une merde, et ce qui est bien, c'est qu'à la fin de la journée, les gens vous regardent déjà différemment, vous arrivez à obtenir le respect simplement à travers le travail, et je trouve ça très bien ; la deuxième, c'est de retrouver les sensations du début, quand vous arrivez pour la première fois sur un tournage, que vous avez trois phrases à dire, personne ne vous connaît, vous avez les mains moites, le vrai trac, et ça c'est très bien ; la troisième, c'est quand vous revenez jouer en France, parce que vous découvrez des aspects de votre travail que vous n'aviez jamais utilisés. Comme la langue française est plus douce dans l'attaque, même si vous vous emportez dans un film français, vous n'irez jamais aussi loin que quand deux espagnols parlent, et ça c'est très intéressant. En plus, ça c'est un peu ma soupe personnelle, mais je suis convaincu que l'avenir, c'est le cinéma européen. Je trouve qu'il n'y a rien de plus excitant que d'avoir deux acteurs italiens, trois acteurs espagnols. Il se forme un truc formidable, avec une vivacité intéressante. Par exemple, le fait d'avoir eu une costumière espagnole, avec des fringues espagnoles, ça change déjà beaucoup de choses. Je me regardais et je me disais : " J'ai vraiment une gueule d'espagnol ! ", alors qu'avant, je ne m'en étais jamais rendu compte ! Même la manière de se tenir est différente, plus brutale… J'aimerais bien un de ces quatre faire un film vraiment européen, je crois qu'une vraie richesse va s'installer, avec en plus l'arrivée des pays de l'Est. Ce qui manque pour l'instant, en Espagne par exemple, c'est l'argent évidemment, et puis le fait que les réalisateurs, quand ils ont une ambition, montent aux Etats-Unis. Moi, ce qui me ferait plaisir, c'est qu'ils viennent tourner en France, parce qu'il y a des gens en Espagne qui sont capables de faire des trucs insensés, complètement délirants ! Ils ont une façon de voir qui vient droit du surréalisme, ça leur donne une manière d'amener les choses, on ne voit rien venir ! Il y a encore très peu de films qui traversent la frontière, et mon petit combat à moi, c'est d'essayer de faire le lien entre les deux pays ! L'avenir d'un certain cinéma plus difficile, plus exigeant, avec des sujets politiques, c'est la coproduction.
Après El Lobo, vous revenez au cinéma avec un nouveau film qui traite de la question basque. D'où vous vient cette sensibilité ? Entre les deux, vous savez, j'ai aussi fait un documentaire sur les attentats du 11 mars en Espagne, et le film GAL s'inscrit, c'est vrai, dans une envie de raconter mon pays. C'est un endroit que je connais bien, c'est ma culture, et le succès d'El Lobo n'y est pas pour rien, ça nous a donné confiance. On avait d'ailleurs envie de faire ce film dès le tournage d'El Lobo, Melchor Miralles nous parlait déjà beaucoup de ce sujet-là, qui me paraissait très compliqué, mais on savait que c'était un sujet beaucoup plus polémique, on s'est donc dit qui si on ne le faisait pas derrière un succès, on ne le ferait jamais. On avait le scénariste, on avait l'équipe, voilà, c'était le moment. Sans être donc une obsession chez moi, je pense que je n'en ai pas encore terminé avec ça, et qu'il y a un autre sujet qui viendra peut-être un jour, pour finir, et faire une trilogie sur l'histoire moderne. Je pense souvent à Jim Sheridan, qui n'a pas fait qu'un seul film sur les problèmes de l'Irlande. En évoquant tous les aspects et en donnant plusieurs points de vue sur l'IRA, il a réussi à raconter une partie de l'histoire récente de l'Irlande. Avec un seul film, il n'en aurait pas fait le tour. Un film sur Iparetarrak, peut-être ? Non, parce que pour moi, le vrai drame se trouve de l'autre côté des Pyrénées, dont Iparetarrak n'est qu'une sorte d'excroissance. Que je sache, ce ne sont pas des gens qui ont buté des gens toutes les semaines ! Le problème basque est dramatiquement, et malheureusement, une espèce de furoncle dans la démocratie espagnole dont on ne voit pas la fin. Mais on ne peut pas débattre, là, comme cela, d'un sujet si important, qui a tellement d'incidences et de lectures possibles historiquement. Il y a pourtant une chose dont je suis sûr, c'est qu'aujourd'hui, en Espagne, dans un pays qui est clairement une démocratie, tout cela est injustifiable. Il n'y a pas de cas où l'on peut justifier une telle violence, aussi aveugle, aussi cynique. C'est absolument impossible. Si ce conflit doit être réglé, il ne le sera que par une voie politique. Et la démocratie espagnole doit pouvoir permettre un tel règlement de cette question ô combien douloureuse. Il ne faut pas oublier que le Pays basque espagnol est le régime autonome qui a le plus de libertés, les basques ont leur police, leurs chaînes de télé, leurs écoles, il leur manque assez peu, finalement, l'armée, la politique étrangère… Bien sûr, on peut aller plus loin, et je ne suis pas quelqu'un qui vous dira que les basques n'ont pas légitimement le droit à l'autodétermination. Pourquoi pas ? C'est un débat, en tout cas, mais je dis qu'il faut s'asseoir autour d'une table et en discuter. D'ailleurs, El Lobo racontait déjà ça, le film racontait très clairement qu'au moment où Franco meurt, les choses auraient dû s'arrêter. Alors qu'est-ce qui justifie dans une démocratie réelle comme l'Espagne, dans un Pays basque qui a le degré d'autonomie qu'il a, de flinguer un type à bout portant, froidement, comme juste avant les dernières élections, parce qu'il a été conseiller municipal socialiste. J'aimerais qu'on revienne sur la rencontre de Melchor Miralles, producteur du film, et dont l'histoire est à l'origine du scénario. Melchor est un journaliste d'investigation espagnol, il a travaillé au Diario 16 et a fondé ensuite El Mundo. Je l'ai rencontré quand le scénario d'El Lobo a été terminé, parce qu'il cherchait à l'époque à faire une coproduction avec la France, qui ne s'est pas faite finalement, mais un cinéaste français, mais qui avait la double culture, qui était espagnol mais qui avait surtout travaillé en France, qui de surcroît était basque, ça faisait beaucoup de points d'intérêt. On s'est revus plusieurs fois, et on a évoqué l'idée de faire un film, ce que je proposais lui a plu, et on a donc fait El Lobo ensemble. C'est un producteur qui accompagne beaucoup, il a suivi le tournage de GAL de près, a visionné les rushes avec moi, c'est vraiment un film dans lequel il est vraiment très impliqué. Est-ce que l'idée vous est venue, à un moment, de faire plutôt un documentaire sur un tel sujet ? Il existe déjà plusieurs choses, surtout en Espagne, mais ce n'est pas vraiment mon métier, je ne crois pas être le mieux placé pour faire un documentaire, par conséquent. Moi, mon métier, c'est de faire des films, de créer des histoires avec la forme de la fiction et la force du cinéma. Quand on a des sujets forts, dans lesquels on peut s'impliquer et faire la synthèse entre le fond et la forme, c'est parfait. Et je crois clairement qu'un documentaire n'aurait servi à rien, aujourd'hui, parce qu'il y a peu d'endroits où l'on aurait pu le voir. Si c'est pour faire un film aussitôt " ghettoisé ", ce n'est pas dans mon ambition. Mon objectif, c'était de faire découvrir à la jeune génération, qui va beaucoup au cinéma, une histoire très récente de son pays, qui était occultée. A propos du film en tant que tel, ne donnez-vous pas une vision très caricaturale de la police espagnole à travers le personnage interprété par Jordi Molla ? Je dois vous dire qu'on est hélas très en deçà de la vérité. Ca pose un vrai problème, quand on raconte une histoire vraie. Ce flic espagnol est un personnage quasiment public en Espagne, il a participé à des débats télé, il a vendu des bouquins, et je peux vous garantir que le travail qu'on a fait avec Jordi Molla, qui l'incarne dans le film, est assez en dessous de la réalité, aussi aberrant que cela puisse paraître. Je comprends qu'on puisse le voir comme une caricature, mais moi, je sais que je suis très en dessous de la réalité du personnage. Si tout à coup, je raconte une histoire avec un personnage qui ne correspond pas à celui que tout le monde connaît, je ne suis plus du tout crédible. En réalité, Amedeo est bien pire ! C'est quand même quelqu'un qui peut vous menacer pendant un débat, il l'a d'ailleurs fait pendant le tournage, quand il a appris que le film se faisait, il l'a fait avec Melchor, c'est dément ! C'est un personnage légendaire en Espagne tellement il est la caricature du flic macho, facho, hors norme, qui se vante partout d'aller claquer l'argent des fonds secrets aux putes et au casino, quand même ! Il faut pouvoir imaginer un baltringue pareil ! Et côté français, le film est assez allusif sur les implications policières voire politiques… Le film n'est pas timide, il fait le constat de la réalité, qui est totalement surréaliste ! Qu'il n'y ait pas eu en France plus d'échos quand on assassine des citoyens français sur leur territoire, que personne n'en parle, que tout le monde s'en foute, c'est l'omerta totale ! Espérez-vous lancer un débat, justement? Non, c'est trop tard, tout cela est trop ancien pour qu'on aille demander des comptes au ministre de l'Intérieur de l'époque, mais bien sûr que tous ces gens étaient de mèche, avec les problèmes de partis, de gouvernement, toute la cuisine politique… Non, ce que j'aimerais bien, ce qu'on pose clairement le débat de savoir comment la démocratie se défend contre ses ennemis, ça c'est un débat d'une grande actualité quand on vit sous le régime Vigipirate, qu'on est empêché de faire des tas de choses au nom de la sécurité… Quel prix sommes-nous prêts à sacrifier absolument pour notre sécurité? C'est ça, le débat de fond du film, et c'est un vrai débat d'actualité.
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