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La Boite Alerte Frédéric Aribit
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Les enfants sont partis de Daniel Burman
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P HO TOS
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LI E N S
Lorsque les enfants quittent le domicile familial et partent faire leur vie, le nid soudain semble bien vide. Confrontés à une solitude à laquelle ils ne s'étaient pas préparés, Martha et Leonardo tentent de retrouver pied dans l'étrange flottement de leur nouvelle vie entre deux âges, entre deux eaux. Pour son nouveau film, Daniel Burman observe les fêlures de l'âge mûr, entre réalité fuyante et fantasmes en trompe-l'œil.
Toujours très prolifique en la matière, l'Argentine offre souvent de belles surprises de cinéma. Parmi de nombreuses autres, le saisissant Buenos Aires, de Adrian Caetano, ou plus récemment encore, Agnus Dei, de Lucía Cedrón, par exemple. Dans ce vivier de réalisateurs inspirés, nul doute que le nom de Daniel Burman ne dénote pas. Depuis Un Crisantemo estalla en cinco esquinas (1997) réalisé à 22 ans à peine, il enchaîne les tournages et se fait remarquer dans de nombreux festivals à travers le monde : Grand prix du Public à Biarritz et prix de la Fipresci à Valladolid pour En attendant le Messie (2000), Grand prix du jury à Los Angeles pour Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis (2002), Ours d'Argent à Berlin pour Le Fils d'Elias (2004), qui lui vaut en outre une sélection pour les Oscars, tout comme son film suivant, Les Lois de la famille (2006)… Si rien ne veut rien dire, n'empêche : il y a plus mauvais CV pour un début de carrière. Son nouveau film, Les enfants sont partis, observe Martha et Leonardo, couple de quinquas qui voient, après le départ de deux premiers enfants, leur cadette quitter le foyer familial et s'envoler vers Israël, où elle part suivre son mari Ianib. Chambres vides aux nombreux souvenirs épars, photos jaunies d'un passé si récent… La solitude ronge, même lorsqu'on est deux pour l'affronter. Car plutôt que de retrouver dans le couple un nouvel élan pour repartir ensemble et de plus belle, chacun cherche de son côté comment faire face. Elle retourne à l'Université, tente d'obtenir enfin ce diplôme de sociologie qu'elle n'avait jamais eu, multiplie les soirées entre vieilles retrouvailles et nouvelles amitiés qui toutes, donnent l'illusion d'une nouvelle jeunesse. Mais c'est surtout lui que le film s'évertue à suivre, lui, l'écrivain réputé que ces soirées ennuient profondément, que ces conversations rieuses indiffèrent, que ces courbettes intéressés navrent. Et lorsque enfants, femme, désir, écriture… tout fout le camp, que reste-t-il pour ne pas sombrer dans la déprime ? Il reste les fantasmes. La vie qu'on s'invente, et qu'on vit peut-être à hauteur de ses propres rêves. En quelques séquences à peine, le film vacille et le spectateur aussi perd pied : réel ou pas, ce neurologue qui prétend faire des recherches sur certains dysfonctionnements rares du cerveau, entraînant l'impossibilité de distinguer entre souvenirs réels et fantasmes inassouvis ? Réelle ou pas, cette improbable histoire d'amour avec une femme dentiste d'une sensualité folle (Eugenia Capizzano) ? Le hasard des rencontres précipite parfois délibérément le film dans l'absurde, que soulignent les ruptures brusques de ton de la deuxième partie (étonnante scène de comédie musicale dans un grand magasin, sur fond de Boléro de Ravel réorchestré…). Même maladroites, ces audaces sont, avec quelques très belles images d'Israël et les syncopes d'un jazz tout à fait pertinent, les vraies réussites du film. Car pour le reste hélas, on peut s'avouer moins convaincu. Que le découpage général du scénario use de l'ellipse, notamment au tout début, sans ménagement, et sans véritable nécessité narratologique, passe. Mais des comédiens principaux (dont Cecilia Roth, absolument inoubliable dans le sublime Tout sur ma mère d'Almodovar) ici encombrés dans un surjeu fréquent (leurs agaçantes mimiques en apartés, censées singer une complicité perdue…), mais un usage un peu lourdaud du symbole (l'oiseau dans son nid, l'avion, les corps flottants sur la Mer morte…), mais des digressions thématiques qui renouent avec certaines obsessions du réalisateur (Israël et la violence armée), mais une caméra en plan serré quasi-constant, qui finit par fatiguer le style… voilà qui est beaucoup pour adhérer finalement à l'atonie progressive des jours, lorsque les enfants sont partis.
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