[./menu_cinemapag.html]
C IN EMA
[./menu_litteraturepag.html]
LIT TER ATU RE
[./lienspag.html]
LI E N S
[mailto:f.aribit@free.fr]
CO NT A CT
La Boite Alerte Frédéric Aribit
Simone de Beauvoir
[./indexpag.html]
B L O G
C'est sur ce constat en apparence amer que se clôt le film que la réalisatrice Dominique Gros a consacré à l'incontournable figure qu'est Simone de Beauvoir, film dont la sortie DVD participe des diverses commémorations auxquelles, centenaire de sa naissance oblige, on assiste actuellement. Mais qu'on ne s'y trompe pas : pas d'amertume, non, mais plutôt une soif inextinguible de l'ici et maintenant qu'est l'existence, cette marche du présent sur lequel on peut avoir, si l'on veut bien s'en donner la peine, une véritable prise. Laissons de côté les batailles d'arrière-garde qu'un certain néo-féminisme livre aujourd'hui en son nom. Car c'est peu dire qu'on en n'a pas terminé avec celle que l'on voit précisément “en marche”, sur les toutes dernières images, tant il reste aux femmes de rounds à mener dans leur combat : violence au quotidien, violences conjugales, disparités salariales, menaces permanentes contre le droit à l'avortement… Cent ans après sa naissance, en 2008, la liste, en France également, est encore longue. C'est en cherchant à comprendre comment la “jeune fille rangée”, née dans un milieu bourgeois et catholique des plus conservateurs, a pu s'imposer comme philosophe, écrivain, et agitatrice de premier plan de la conscience féministe, que Dominique Gros se lance dans le difficile exercice du documentaire biographique. Les documents abondent, appuyés parfois par le juste contrepoint d'extraits autobiographiques lus en voix off : archives photos ou audiovisuelles historiques qui évoquent l'enfance, les émois adolescents, les années germanopratines passées dans les cafés, au son de la “trompinette” d'un certain Boris Vian, les années américaines en compagnie de Nelson Algren… Et Sartre, bien sûr, l'incontournable. Même promo à Normale Sup, il est reçu premier à l'agrégation, elle est deuxième. Les témoignages se répondent, se complètent, se relancent à distance, d'universitaires ou de proches aimés (Michel-Antoine Burnier, Michel Contat, Sylvie Le Bon de Beauvoir, Hazel Rowley…). Belle évocation émue de Claude Lanzmann, tandis que de son côté, Norman Mailer affirme que sa femme l'a quitté après avoir lu Le Deuxième sexe (1949), texte fondateur de tout ce qui suivra. Pas facile d'embrasser toute une vie d'études, d'inquiétudes, d'engagement et de combat, qui se voue délibérément et totalement à l'écriture, avec pour idéal moral cette “bonne humeur” grave et opiniâtre dont elle ne se départit pas. Rattrapée par l'histoire qui lui saute au visage en 1939, celle qui déclare bientôt “se foutre de l'opinion” participe de tous les questionnements de son époque (Marx et Hegel, qu'elle fait lire à Sartre), sans cesser d'inventer une nouvelle façon de vivre pleinement sa propre liberté individuelle (ses amours bisexuelles, ces étudiantes, qu'elle “essaie” avant de les jeter dans les bras de Sartre, cette relation à la fois fusionnelle et distanciée avec lui…), fût-ce en dépit d'une certaine austérité de façade que certains détracteurs (femmes y compris) fustigent en elle. Autant dire donc qu'on est loin de l'hagiographie. Il est vrai d'ailleurs que le “cas Beauvoir”, si peu consensuel, ne s'y prête pas. On ne s'en plaindra pas. Outre le film principal de Dominique Gros, le DVD réunit deux interviews de Simone de Beauvoir, l'une réalisée en 1975 par Jean-Louis Servan-Schreiber, l'autre en 1959 pour Radio Canada. Les deux interviews s'avèrent relativement austères à l'image, la réalisation se contentant quasiment du champ/contre-champ pour alterner les deux interlocuteurs, assis face à face, à l'image. Mais l'important, bien entendu, n'est pas là. Car leur juxtaposition permet assez clairement de saisir l'évolution de Simone de Beauvoir, des premières années plus théoriques, où l'engagement pro-féministe s'intégrait dans un plus large mouvement d'émancipation humaine que portait alors à ses yeux le communisme, jusqu'aux années plus radicalement militantes. On peut, par conséquent, préférer les visionner dans l'ordre chronologique plutôt que dans l'ordre de leur édition, pour sentir très clairement l'évolution du discours. Le premier document présenté reprend donc, dans l'émission “Questionnaire” que Jean-Louis Servan-Schreiber produisit et présenta sur TF1 de 1973 à 1981, le numéro consacré à Simone de Beauvoir. En 1975, les idéaux socialistes ont fait long feu. Pour Simone de Beauvoir, qui ne se prive pas d'égratigner ses anciens amis communistes, obnubilés par la “sacro-sainte” lutte des classes au détriment d'un regard lucide sur la société et notamment sur les inégalités sexuelles, il s'agit dès lors d'entrer dans une lutte féministe autrement plus radicale. On rappellera d'ailleurs que c'est cette même année 1975 que la loi Vieil sur l'IVG est adoptée. Relancée par des questions souvent pertinentes, et l'air de rien, impertinentes parfois, Simone de Beauvoir expose sa théorie existentialiste de la féminité, à laquelle elle réfute catégoriquement toute conception de nature. Théorie, on le sait assez, qui divisa grandement les intellectuels femmes (ou hommes), y compris les plus féministes d'entre elles (ou eux). Accusation sans ambages du machisme idéologique et social, et de cette “tyrannie domestique” dans laquelle vivent les femmes, coup de griffe au passage à Françoise Giroud, première Secrétaire d'Etat à la condition féminine (1974-1976) qualifiée de “mystification” et d'“os à ronger” donné aux femmes, mise en garde des femmes contre toute récupération masculine de leur combat, les propos de Simone de Beauvoir, énoncés de cette voix saccadée et nerveuse qu'on lui connaît, cinglent. Moins pertinente, moins percutante aussi, l'interview donnée à Radio Canada plus de quinze ans plus tôt insiste davantage sur les valeurs existentialistes, sur son athéisme, ou sur ce fameux militantisme pro-soviétique et pro-chinois qui n'évita pas, on le sait aujourd'hui, un certain aveuglement… On sent parfois Simone de Beauvoir manifestement agacée par des questions assez basses de plafond. Elle revient cependant sur les circonstances d'écriture du Deuxième sexe notamment et, évoquant son œuvre autobiographique, fournit au passage de précieux renseignements sur sa technique littéraire, qu'elle rapproche de la peinture.
“Une vie, ce n'est pas quelque chose que l'on a, c'est quelque chose qui passe.”
[./menu_musiquepag.html]
MU SI QUE
[./menu_photospag.html]
P HO TOS
[Web Creator] [LMSOFT]